jeudi 25 février 2010

Ethique de l'Existence Post-Capitaliste (3)

Ce billet s’inscrit dans la continuité des deux précédents. Nous proposons deux entretiens donnés par Christian Arnsperger, en photo ci-dessus, auteur de Ethique de l’existence capitaliste, le premier au journal Le Monde et le second à France Culture.

"Le capitalisme est une forme de spiritualité dangereuse". Entretien avec Christian Arnsperger. Le Monde des Livres. 17.09.09

La crise actuelle confirme, selon vous, l'impératif absolu de sortir du capitalisme. Pourquoi estimez-vous que, au-delà de la dimension technique, la clé du problème est "anthropologique" ?

C.A : Le capitalisme fonctionne selon une règle simple : tout capital investi doit être rendu aussi rentable que possible. On en voit quotidiennement les conséquences sur nos manières de vivre ensemble et de nous définir comme humains. Ce système a sécrété un Homo capitalisticus dont le niveau de conscience et même le fonctionnement psychique et corporel sont marqués par la logique de rentabilité - qu'on pense aux effets de la mentalité concurrentielle ou aux dégâts causés par l'alimentation agro-industrielle.
Ce que nous devons d'abord laisser derrière nous, c'est un certain type d'humanité. Il y a donc bien un enjeu anthropologique. Le capitalisme s'enracine dans nos angoisses existentielles les plus profondes, mais offre à nos inquiétudes des réponses perverses. A nous de comprendre ce mécanisme et d'en tirer les implications si nous voulons être plus pleinement humains.

Votre essai prône un "militantisme existentiel" pour sortir du capitalisme, renouant avec les "exercices spirituels" qui remontent à l'Antiquité. Un projet anticapitaliste sérieux implique-t-il un renouveau de la spiritualité ?

C.A : Que nous soyons croyants ou pas, nous sommes tous fragiles et mortels. Notre spiritualité, c'est notre réponse à cet état de fait. Le spirituel n'est donc pas optionnel, même s'il peut prendre des formes très diverses. Spiritualité ne veut pas nécessairement dire religion ! Les spiritualités athées et les philosophies - y compris antiques - ont énormément de ressources à apporter au militantisme politique. En réalité, le capitalisme est déjà une forme de spiritualité, mais tronquée, tordue, et même dangereuse. Il faut en combattre les mensonges, notamment dans la sphère du "développement personnel", qu'il a si bien confisquée.
Les militants existentiels sont ceux qui, ayant vu que le capitalisme ne fait qu'attiser nos angoisses alors qu'il promet de les alléger, cherchent à se soutenir mutuellement pour promouvoir une triple éthique : la simplicité volontaire, un revenu de base égal pour tous, et une démocratie radicale étendue à l'économique. Ces militants oeuvrent à une refondation profonde de nos existences personnelles et collectives. Il s'agit de modifier toute notre façon de penser l'économie, donc de concevoir nos institutions éducatives et les idéaux qu'elles transmettent aux jeunes générations. Nous en sommes loin ces temps-ci....

Vous pointez les limites de la social-démocratie tout en vous réclamant d'un "libéralisme existentiel". Pour beaucoup, à gauche comme à droite, se dire à la fois libéral et anticapitaliste serait incohérent. Pas nécessairement, pour vous ?

C.A : Non, pas du tout. Mon livre propose bel et bien une critique libérale du capitalisme. Le libéralisme prône la libération humaine dans toutes ses dimensions. L'idéal moderne de liberté est le bon, mais le capitalisme a fini par aller à son encontre. Il nous empêche de réfléchir sur le sens même de notre libération. La logique actuelle étouffe d'immenses potentiels humains. C'est pour libérer ces potentiels que nous devrions remplacer la croissance par l'approfondissement, la surconsommation par la simplicité choisie, la rentabilisation du savoir par la quête de soi.
Ne poursuivons pas seulement l'égalité des chances de "réussir" en tant qu'Homo capitalisticus aliéné ! Militons dans nos écoles et nos universités pour une vraie égalité d'accès au sens critique et à la lucidité existentielle, exigeons un soutien public pour pouvoir créer librement des façons non capitalistes de consommer et de produire, et descendons dans la rue pour demander, sur cette base toute neuve, des institutions libératrices. C'est ça, le vrai libéralisme !


D'autres regards sur la Crise.
Entretien avec Christian Arnsperger sur France-Culture.

Le 6 mars 2009 Christian Arnsperger s’est entretenu sur France-Culture avec Antoine Mercier dans le cadre d’une série d’entretiens avec des intellectuels intitulé D’autres regards sur la crise. On peut entendre cet entretien sur le site de France Culture et le lire sa version écrite dans Regards sur la crise, un ouvrage collectif dirigé par Antoine Mercier où l'on peut lire des entretiens avec Alain Badiou, Miguel Benasayag, Rémi Brague, Dany-Robert Dufour, Alain Finkielkrault, etc... Un certain nombre de ces entretiens, dont celui avec Christian Arsperger, peuvent être lus sur Marianne 2.
Cet entretien peut aussi être écouté sur le site PlusConscient.net qui propose un catalogue d'enregistrements (interviews, conférences) soigneusement sélectionnés sur des thèmes en rapport avec les grandes problématiques de notre temps: réchauffement climatique, développement durable, mondialisation, surpopulation, etc. Sont disponibles également une sélection d'enregistrements sur des sujets liés à la spiritualité, au sens le plus large, ou au paranormal. Accompagnés d'une description, les fichiers audio sont en libre accès pour l'écoute immédiate ou le téléchargement. Les services de la plate-forme sont gratuits; l'objectif est le partage d'une information de qualité de nature à accroître notre prise de conscience ...
Antoine Mercier: Vous êtes économiste et épistémologue, chercheur au Fonds National de la Recherche Scientifique de Belgique. Vous affirmez que nous assistons à « une crise existentielle du capitalisme »… Qu’entendez-vous par là ?

Christian Arnsperger: Quand je parle de crise existentielle, je veux dire qu’en réalité les racines de cette crise sont existentielles et se trouvent en chacun de nous. On pourrait aussi parler d’une crise anthropologique. On oppose souvent crise financière et crise économique dans l’économie réelle. Je crois que ce n’est pas une bonne distinction parce que la finance n’est que la contrepartie plus abstraite de nos pulsions de possession et d’accumulation. L’argent qui circule dans la finance symbolise non seulement « mon pouvoir d’avoir » mais aussi mon pouvoir de commander le travail d’autrui à mes propres fins. Pourquoi chacun de nous aspire à ce pouvoir ? Pourquoi voulons-nous tous posséder et accumuler ? C’est parce que nous avons des besoins et nous avons aussi des envies. La logique géniale ou diabolique du capitalisme, est de jouer sur la confusion entre « besoins » et « envies ». Le capitalisme a fini par nous faire prendre nos envies pour des besoins. C’est pourquoi nous courons après la consommation et l’accumulation. Donc c’est un système qui crée des compulsions répétitives chez la plupart d’entre nous, en tout cas ceux qui ont les moyens de se payer certaines choses, et qui crée en même temps des inégalités structurelles. De surcroît, il introduit une obligation de croissance car toute cette machine se base essentiellement sur le crédit et l’endettement. Nous sommes donc dans une sorte de machine infernale où ces trois éléments tournent en boucle.

Antoine Mercier: Peut-on se passer de cette « machine infernale » ?

Christian Arnsperger: On ne peut pas se passer de l’économie, mais on peut et on va devoir se passer du capitalisme. Cette crise existentielle de l’économie est une crise vraiment essentielle du capitalisme, le symptôme d’un malaise profond. La crise existentielle de l’économie à laquelle on assiste aujourd’hui, repose d’abord sur une crise de confiance. Les gens consomment moins, on a tendance à ralentir l’accumulation, l’investissement. Mais ce qui ressort de mes travaux de recherche en philo de l’économie, c’est que la consommation, l’investissement et l’accumulation capitaliste sont eux-mêmes un symptôme du manque de confiance fondamental dans la vie et dans l’avenir.

Antoine Mercier: A partir de quand cette machine infernale s’est-elle mise en place ?

Christian Arnsperger: En fait, le capitalisme a des racines religieuses anciennes. C’est une religion matérielle. Si je parle de crise existentielle c’est parce que nous ne pouvons pas nous passer, en tant qu’être humain, d’une réponse à notre manque profond, à notre angoisse existentielle, qui nous assigne notre humanité. L’expérience occidentale capitaliste était une tentative de combler cette angoisse d’être en lui fournissant de l’avoir. Elle a longtemps donné des bénéfices et puis maintenant elle commence à montrer ses limites.

Antoine Mercier: Qui sont les penseurs de cette tentative ? Adam Smith ?

Christian Arnsperger: Adam Smith croyait en la providence divine. Il a certainement contribué à ce schéma, mais il n’a pas littéralement prétendu que la main invisible du marché était Dieu. C’est par la suite que les anthropologues et les philosophes ont pu échafauder cette idée, on pu l’approfondir.

Antoine Mercier: On ne réalise pas spontanément que l’on se trouve dans un tel champ de croyance…

Christian Arnsperger: Et pourtant, il est inévitable qu’il y ait un champ de croyance. Il nous faut une réponse à notre angoisse existentielle. Quand nos décideurs disent qu’il s’agit d’une crise de confiance dans le capitalisme, ils ont raison. Il est vrai qu’au niveau superficiel du fonctionnement du système, se manifestent en effet des anticipations pessimistes qui se réalisent d’elles-mêmes parce que tout le monde croit que ça n’ira pas… il n’y a plus de prêts entre les banques, il n’y a plus de crédits de trésorerie d’investissement aux entreprises, l’emploi chute, la consommation chute, etc… Donc à court terme, superficiellement, c’est vrai qu’on a l’impression que le problème vient du manque de confiance des gens dans l’avenir. Et l’on cherche à faire retrouver la confiance en nous faisant re-consommer et réinvestir. Or, je tiens le raisonnement inverse : c’est parce que l’on n’a pas confiance dans la vie et dans l’avenir, que l’on consomme, que l’on surconsomme et que l’on se lance sans arrêt dans une course compétitive. Ivan Illich aurait dit qu’on se fabrique des prothèses hétéronomes, c’est-à-dire des prothèses qui nous complètent, au lieu de travailler sur notre autonomie… L’autonomie nous est volée par le système alors qu’il nous la promet.

Cela signifie qu’on a construit pendant des siècles une culture basée sur le remplissage matériel, et symbolique aussi, d’un vide existentiel profond qui nous fait progressivement prendre les biens matériels, mais aussi les images, les idées, pour ce que j’appellerais des biens spirituels. Et du coup, on fait mine d’avoir confiance dans la vie en accumulant, en consommant, alors qu’en fait cette accumulation et cette consommation sont radicalement des manques de confiance dans l’avenir et dans la vie même.

Antoine Mercier: Combien de temps cette crise peut-elle durer ?

Christian Arnsperger: Je pense qu’on ne peut pas le savoir parce que le capitalisme est devenu tellement complexe au sens scientifique du terme que c’est extrêmement difficile, voire impossible, à prévoir. Est-ce que ça peut recommencer comme avant ? Je le crains parce que nos décideurs politiques et économiques qui voient les choses à très court terme, se sont précipités dans des mesures de relance… Est-ce qu’elles seront suffisantes ? C’est une question… mais en tout cas elles pourraient marcher et alors je pense qu’on raterait en fait une opportunité ! C’est un peu triste à dire, mais souvent les crises dans l’existence d’un être humain sont des opportunités à la fois de souffrir et de changer fondamentalement les choses…

Antoine Mercier: Est-il imaginable que tout reparte sans que les symptômes de cette crise « existentielle » réapparaissent à plus ou moins long terme ?

Christian Arnsperger: Ils vont réapparaître. En vérité on a le choix entre deux remèdes. Un remède choc qui consiste à administrer à la machine économique un antibiotique tel que le virus endémique soit éradiqué, mais alors on sort du capitalisme… ou bien…un remède qui est celui qui a été choisi et qui consiste à mettre le malade sous perfusion. Le virus pourra continuer à agir dans l’organisme et va donner lieu à des rechutes constantes et permanentes, mais qu’on utilisera à chaque fois comme prétexte pour une nouvelle relance… Mais, en principe également, on pourrait assister à un scénario où plus personne ne veut des bons d’Etat américain, par exemple, ou français, ce qui précipiterait vraiment les Etats dans des catastrophes budgétaires majeures. L’affaire grecque n’est qu’un micro exemple de ce qui pourrait se passer à beaucoup plus grande échelle.

Antoine Mercier: Que peut-on faire pour en sortir?

Christian Arnsperger: Il y a deux choses essentiellement à faire : d’une part, promouvoir par l’éducation, par les médias, une nouvelle vision de l’éthique et, d’autre part il est très important de promouvoir chez les citoyens que nous sommes un sursaut d’autocritique parce que nous sommes tous partie prenante dans ce système. Il ne faut pas croire qu’il y a les méchants et les gentils. Nous sommes tous, en tant que consommateurs, investisseurs, rentiers, partie prenante dans ce système d’angoisse.

Je propose la mise en œuvre de trois sortes d’éthiques. Premièrement une éthique de la simplicité volontaire, un retour vers une convivialité beaucoup plus dépouillée… Deuxième éthique : une démocratisation radicale de nos institutions, y compris économiques, allant jusqu’à la démocratisation des entreprises… Et troisièmement : une éthique de l’égalitarisme profond, allant jusqu’à « une allocation universelle », c’est-à-dire un revenu inconditionnel de base versée à tous les citoyens…

Antoine Mercier: Croyez-vous que les politiques pourraient être influencés par ce discours ?

Christian Arnsperger: Politiquement, évidemment, ce genre de chose ne fait pas recette. Mais il s’agit plutôt de créer un mouvement. Je ne crois pas tellement pour l’instant au passage par le politique traditionnel. Ma visée consiste à toucher les mouvements citoyens qui sont beaucoup plus à même de prendre en main un destin collectif. Les politiques sont dans le court terme parce que c’est ainsi que la démocratie fonctionne. Ils ne sont pas capables d’envisager des grandes réformes qui sont toujours venues de la démocratie elle-même, des mouvements citoyens qui ont pris en main les idées philosophiques construites par certains intellectuels qui étaient au service du citoyen. Souvent la critique du capitalisme passe par des idées tout de suite politiques : il faut changer les règles du système, il faut… très bien, mais les règles du système ne seront pas endossées par les gens s’il n’y a pas un changement des mentalités. Je pense qu’il faut un changement vraiment radical de vision, de compréhension de ce qui nous fait participer à ce système

Antoine Mercier: Si on arrête de consommer, si on ne peut plus consommer, qu’est-ce qu’on fait de notre angoisse ?

Christian Arnsperger: Toutes les grandes traditions spirituelles, je ne dis pas nécessairement religieuses au sens étroit du terme, mais spirituelles, on de tout temps proposé des réponses à cela. Lisez Gandhi, lisez les Evangiles, lisez tout ce que vous voulez là-dessus. D’ailleurs, croyez-moi, les librairies sont pleines de réponses. Dans les voies du changement intérieur, on essaie de se recréer une authentique capacité de vivre une vie autonome.

Antoine Mercier: Qu’entendez-vous par « vie autonome » ?

Christian Arnsperger: Il va de soi que je ne fais pas du tout un plaidoyer de l’individualisme, de l’isolement, de l’autosuffisance. Je me réfère au très grand philosophe Ivan Illich qui devrait d’ailleurs être remis d’urgence au goût du jour ces temps-ci. L’idée générale, c’est qu’il faut recréer une convivialité critique. Chacun doit conquérir personnellement son autonomie, chacun doit faire un travail de déconditionnement, une autocritique de sa complicité avec le système. Cela passe par un ancrage dans la localité et dans le partage du pouvoir, dans une éthique que j’appelle non pas communiste ni communautariste mais plutôt une éthique « communaliste » qui débouche sur une simplicité volontaire et une démocratisation radicale se traduisant par une relocalisation de l’économie. Il ne s’agit pas de devenir protectionniste où auto-suffisant. L’être humain, qu’on le veuille ou non, est un être d’ancrage. Simone Weil disait « un être d’enracinement ». Or l’enracinement se perd dans le capitalisme mondialisé. Il faut le retrouver dans un travail de recherche personnelle avec le soutien d’une commune, comme on disait au 19ème siècle.

Antoine Mercier: Cela ne risque-t-il pas d’être récupéré sur un mode contraignant politiquement ?

Christian Arnsperger: N’importe quoi peut être récupéré. On est bien d’accord qu’il faut tout le temps être vigilant à ce sujet. Les nouveaux militants doivent être des êtres libres. Il y a un aspect anarchiste, un aspect d’émergence à partir de la base. Il ne s’agit pas de donner ce genre de programme en pâture à un parti politique. Ce n’est pas un projet politique au sens traditionnel, c’est un projet citoyen. Et ce n’est pas non plus un projet contraignant qui appellerait directement des législations, des lois. Certains parlent de mesures telles que le Revenu Maximum Autorisé, le RMA. Je pense cependant qu’il vaut mieux que ce genre de choses s’instaure de soi-même. Certains intellectuels de gauche vont me dire : « oui, mais tu es complètement idéaliste, ça n’ira jamais, les gens ne le feront jamais ». Alors si les gens ne le font jamais, il faut peut-être se résoudre à ce que le capitalisme soit le moins mauvais système. Moi, je crois vraiment dans l’émergence citoyenne et non dans la contrainte politique traditionnelle.

Antoine Mercier: Y-a-t-il des pionniers en la matière ?

Christian Arnsperger: Absolument…Il se développe maintenant, par exemple, ce qu’on appelle « des groupes de simplicité volontaire ». Il s’agit de groupes de gens de tous âges, de tous horizons, plus ou moins fortunés, qui se réunissent sans contrainte pour partager des expériences de tentatives de simplification de leur existence, sur fond de réflexion sur le sens du système. Et ça se fait absolument spontanément…

Antoine Mercier: Par exemple, qu’est-ce qui revient le plus souvent dans cette réflexion sur la simplification de l’existence des personnes ?

Christian Arnsperger: Simplement la question de l’encombrement. Chacun se pose la question psycho-spirituelle de son « aliénation ». Comment est-il possible que je sois aussi encombré, que je doive faire dans ma vie ce qu’Ivan Illich appelait « autant de détours contreproductifs » ? Comme fais-je pour perdre ma vie à essayer de l’améliorer alors qu’en réalité l’amélioration nette est quasi nulle, voire même négative parfois ? Donc les gens se posent des tas de questions sur la façon de désencombrer leur vie, la façon aussi de ne plus collaborer à la logique ambiante : « est-ce que je dois investir mon argent ailleurs, est-ce que je ne dois plus investir mon argent, mais alors qu’est-ce que je dois en faire, est-ce que je dois gagner moins, ne plus rien dépenser ? » Il y a des tas de questions qui peuvent paraître un peu naïves au départ, mais qui sont en réalité extrêmement poignantes.

Antoine Mercier: Cela concerne quel milieu social principalement ?

Christian Arnsperger: Tous, c’est qui est surprenant. Dans les années 60-70, les milieux hippies étaient plutôt des milieux jeunes, aisés. Ce qui explique d’ailleurs que le mouvement hippie a donné lieu au consumérisme des années 80 ! Aujourd’hui, cela touche des grands-parents, des jeunes, des profs, des gens vraiment de tous horizons, même des gens fortunés. On constate que le spectre social, sociologique, est vraiment étonnement large… Et le mouvement prend de l’ampleur.

Antoine Mercier: Et tout cela ne va pas faire un monde ennuyeux ?

Christian Arnsperger: Pas du tout… ça fera enfin un monde convivial, débarrassé des compulsions dans lesquelles nous nous empêtrons pour l’instant…

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